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Pierre Bendine-Boucar travaille un médium que l’on appelle peinture. Mais à observer d’un peu plus près la production, on constate qu’il ne s’agit pas de la répétition d’un motif floral et de sa version remixée du pop art. On assiste au contraire à un agencement des couleurs par configuration d’espacement. En d’autres termes, ce qui compte est moins ce que l’on voit que les marges qui ont participé à la mise en espace de la représentation. Ainsi, le motif floral est l’anecdote qui attire l’œil afin de le déporter à sa limite. Cette limite est le point d’indivision entre une zone colorée et une autre. C’est la connexion qui ne cesse de se reporter en se déportant à l’infini et qui renvoie aussi au motif à saisir désormais comme une ritournelle. Le motif est ce qui tombe sous les yeux, rien de plus. Un art du découpage qui est aussi celui d’un dépliage des limites qui ne cessent de produire un recommencement. Recommencer pour atteindre la limite où se jouxtent les zones colorées. Cette connexion des zones permet une unité formelle d’une grande force. Mais l’opération par laquelle la connexion donne au regard toute l’harmonie nécessaire est aussi ce par quoi il est séparé définitivement : la bordure. Cette bordure se justifie par l’utilisation du scotch. Cette pratique s’oppose à la tradition picturale des repentirs. Cela signifie que ce travail engage une combinaison de la peinture et de la surface comme découpage. Ainsi serait-il faux de penser à une peinture-collage. Car le découpage serait en définitive la possibilité d’agencer des formes dans le support lui-même et non de créer des formes sur des supports. Si les fleurs sont des anecdotes, c’est qu’elles ne sont pas des fleurs.