AKEJI | Artothèque de Montpellier

AKEJI

2 œuvres de l'artiste AKEJI

AKEJI est né à Kyôto en 1938, dans un lieu où s’élevait un ancien Palais impérial. À l’âge de trois ans, il est recueilli par un de ses grands-pères, qui vit dans le massif du Kuramayama au nord de l’ancienne Capitale. Là, il s’initie aux arts martiaux et apprend à se servir des pinceaux. Plus tard, Akeji approfondit le bouddhisme et s’adonne à la discipline zen. Accueilli dans des sanctuaires shintô, il se familiarise avec la pharmacopée traditionnelle et étudie les pratiques chamaniques du Japon ancestral.

Mais Akeji ne se contente pas de la voie japonaise. Il achève son droit à l’université d’État de Kyôto et étudie la chimie et les sciences naturelles à l’université de Shimane. Il aspire à une synthèse entre les disciplines orientales et les sciences occidentales, réconciliant dans un humanisme interculturel le chaman et l’alchimiste.

Dans les années 60, il agit en tant que conseiller auprès du gouvernement japonais. C’est durant cette période de sa vie qu’il fait un premier voyage en Europe, où il reviendra ensuite plusieurs fois à l’occasion de la présentation de ses œuvres.

Aujourd’hui, il est établi à Himuro, un hameau accroché aux flancs du Kuramayama, où vivait déjà son grand-père. Avec son épouse, il mène la vie discrète d’un ermite dans un ancien refuge forestier.

Les moyens de tout calligraphe sont le support – le papier, mais aussi l’étoffe, le bois, la pierre –, l’encre et les pinceaux. Akeji s’insère dans la tradition de la calligraphie telle que la connaît l’Occident. Mais en plus, il a restauré de très anciennes traditions japonaises. Car à partir de plantes ou de minéraux, il élabore des pigments qu’il utilise pour travailler son support et créer des fluides qui lui servent à tracer ses idéogrammes.

Dans la calligraphie habituelle, le papier est doté par l’artisan qui le fabrique d’un grain et d’une couleur de base. Mais en imprégnant de pigments ce support initial, Akeji lui donne une consistance qui le transforme en matière élémentaire dont on ressent l’origine tellurique. Ainsi, de façon presque brutale, il introduit la nature dans son œuvre, après en avoir distillé les composantes végétales ou minérales pour en concentrer la force. Selon la saison, il s’en va donc recueillir dans la montagne graines, fleurs, fruits, écorces, racines, dont il extrait des matières tinctoriales par dessiccation, broyage, distillation ou fermentation, selon des procédés traditionnels ou originaux tenus secrets. Les couleurs mélangent souvent des bruns, des roux, des violets, mais aussi des gris, des bleus, rappelant les champs, les rizières, les rochers, le bois, l’eau et le ciel. Par une sorte de retournement, le vide du support traditionnel devient une sorte de pâte primordiale qui va appeler et conditionner l’idéogramme. Et pour qui examine les supports d’Akeji en transparence – ce que les contraintes de la cimaise ne permettent guère –, apparaissent en une magie kaléidoscopique des couleurs flottantes, aériennes, où l’idéogramme devient un sceau qui s’imprègne de cette texture primitive.

Le travail d’élaboration des supports se fait lentement, en fonction du temps et des saisons. Et Akeji s’approche peu à peu du résultat auquel il rêve, c’est-à-dire du moment où l’idéogramme se trouvera en correspondance avec les éléments empruntés à la nature et concentrés dans le support. Ce qui lui sert d’encre est souvent une pâte ocre obtenue à partir de coquillages. Mais il élabore aussi des fluides rouges, jaunes, dont la consistance contribue au poids de sens du signe calligraphique. Telle une matière en fusion, les idéogrammes éclatent, mais si le spécialiste peut toujours reconnaître le dessin scolaire de l’idéogramme, celui-ci apparaît entièrement retravaillé à ses sources originelles magiques et divinatoires.

Akeji est particulièrement sensible au caractère éphémère de ce qui appartient à l’instant. Pourtant toute la nature est habitée, parce que tout y est en tension dans le balancement de cycles perpétuellement recommencés. Akeji retrouve ainsi les correspondances mystérieuses qui relient les choses. Sa conscience spirituelle soutenue par une maîtrise technique innovatrice lui permet de susciter le monde des mono no ke (l’esprit des choses), des mono no uta (le chant des choses) et des mono no aware (l’impermanence des choses). Cette évocation s’accompagne d’un sentiment à la fois mélancolique et rayonnant de compassion à l’égard de toute créature. L’œuvre d’art est alors emblème d’enracinement entre l’homme et la nature.

 

                                                                                             Raymond VOYAT

                                                                          Secrétaire Général de RIVAGES LOINTAINS

MODE D'EMPLOI

COMMENT EMPRUNTER ?

ENTREPRISES

OFFRE AUX PROFESSIONNELS

PARTICULIERS

INSCRIPTION PARTICULIERS

MON COMPTE

ACCÉDER À MON ESPACE